Abstract
Abstract Ravages est un roman de Violette Leduc publié en 1955 chez Gallimard. Avant la publication du manuscrit, l'éditeur décide de supprimer 150 pages. Les représentations de l’amour lesbien qu’on y trouve sont jugées trop scandaleuse. Une dizaine d'années plus tard, en 1966, les pages supprimées en 1955 sont publiées à part sous un nouveau titre, Thérèse et Isabelle. Mais de nouveau des passages du manuscrit sont supprimés. En 2000, on assiste à la troisième édition du texte. Ainsi, les lecteurs ont accès à une deuxième version de Thérèse et Isabelle, dite intégrale. Les critiques se servent souvent du terme censure pour décrire le choix de ne pas publier des parties du texte en 1966. Mais il n'est pas question de censure au sens juridique du terme. Le but de ce mémoire est d’analyser les différents aspects du recyclage de Thérèse et Isabelle, et d’explorer les différences entre sa version de 1966 et sa version de 2000. Les différences entre la version 1966 et la version 2000, comment peuvent-elles être comprises comme des manifestations d'autocensure ? Le mémoire aborde la question des différences entre les deux versions selon deux axes. Dans le premier chapitre, l’analyse utilise la figure rhétorique d'enargeia ainsi que la théorie de la séduction de Baudrillard pour explorer comment la sexualité est exposée et dissimulée dans les deux versions de Thérèse et Isabelle. Dans le deuxième chapitre, les représentations de l’amour lesbien dans les deux versions sont approfondies en appliquant le modèle de Sappho tel que décrit par Elaine Marks, ainsi que la notion de la littérature lesbienne, telle que définie par Wittig.