Abstract
Ce mémoire porte sur le roman L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert. Le point de départ de l’analyse vient d’une citation de Milan Kundera où il canonise différents « héros » de grandes œuvres littéraires, qui souffrent tous sous un amour inaccompli. L’étude analyse le protagoniste du roman de Flaubert, Frédéric Moreau, et essaye de répondre à la question suivante : pourquoi ne figure-t-il pas sur la liste de Kundera ? En effet, Frédéric semble bien y mériter une place : il aime et poursuit avec passion et persistance Mme Arnoux tout au long du roman, pendant plusieurs années, sans réussir dans sa poursuite. Cependant, nous n’avons pas sympathie pour lui. Son histoire n’est pas tragique comme celle de Werther de Goethe. Pourquoi ? A travers une approche narratologique, qui s’appuie surtout sur les théories de Gérard Genette, ce mémoire cherche à dévoiler comment le narrateur à la troisième personne, avec une focalisation interne, crée une image particulière de Frédéric. L’argument est que la forme du roman a une grande influence sur la présentation du protagoniste et sur la manière dont cette histoire d’amour est perçue : à la fin du roman, Frédéric n’est pas un « héros » tragique qui a vécu une histoire d’amour exceptionnel, il est plutôt ridiculisé. Son absence sur la liste de Kundera a ainsi trouvé son explication.