Violences du corps : Une étude du macabre chez Ronsard, Aubigné et Chassignet
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- Fransk [249]
Abstract
À la fin du seizième, début du dix-septième siècle, l’Europe est dominée par de nombreuses guerres, épidémies, famines et exécutions publiques. Couplé à un nouvel intérêt pour l’anatomie intérieure du corps humain, ce contexte historique sanglant crée une familiarisation avec le corps ouvert, avec la violence corporelle, la souffrance et la mort. Cette familiarisation est également percevable dans l’art sculptural et pictural de l’époque, ainsi que dans sa littérature, aussi bien sur la scène que dans les recueils de poésie. Dans cette thèse doctorale, Kjerstin Aukrust analyse une série de textes macabres tirés de l’œuvre de Pierre de Ronsard, Agrippa d’Aubigné et Jean-Baptiste Chassignet.L’étude cherche à mettre sous la loupe les différents rôles qu’une écriture macabre est susceptible de remplir dans un texte. Le macabre désigne d’habitude ce qui évoque des images de la mort, ayant pour objet les os, les squelettes et les cadavres. Cette définition est ici élargie : l’écriture macabre peut aussi exprimer d’autres expériences douloureuses, également violentes et corporelles. Le macabre peut ainsi mettre en scène le corps ouvert, sanglant, démembré pour exprimer avec violence non seulement la mort, mais aussi l’expérience du vieillissement, de la perte amoureuse, de la haine, du désespoir, de la guerre et de la vanité.
L’étude des textes de Ronsard mettent en évidence la façon dont le macabre porte signe d’un malaise profond face à la décrépitude physique et la mort imminente. Dans Le Printemps d’Aubigné, la prédominance des images macabres fonctionne comme témoignage d’une double blessure : celle de la guerre et celle de la déception amoureuse. L’ouverture du corps se poursuit dans Les Tragiques, où les images du corps malade, souffrant, mourant ou mort participent à la création d’une véritable « polémique macabre ». Dans les textes de Chassignet, le message convoqué par le macabre est tout autre : il s’agit d’affirmer à travers lui la vanité de la vie et le mépris du corps en insistant sur la visualisation de la mort et par la mise en scène d’un corps odieux, malade, cadavre – un corps macabre. Avec ces analyses de texte, Aukrust guide le lecteur à travers l’histoire du macabre, en montrant également la permanence et la séduction obsédante du corps ouvert et souffrant.